Très peu d’études ont été faites quant à la présence des pesticides dans l’air et, encore moins, quant à leur conséquences sanitaires et environnementales. Il y a quelques années Air PaysdeLoire avait procédé à des analyses sur certains secteurs, Eccouflant près d’Angers, importante zone de vergers, et le vignoble nantais ; les résultats étaient clairs, la plupart des molécules utilisées étaient présentes dans l’air respiré par tous, les concentrations les plus importantes étant proches des lieux d’utilisation des pesticides.
L’Anses publie en juin 2020 les résultats de la Campagne Nationale Exploratoire des Pesticides (CNEP) dans l’air menée par l’Anses, l’Ineris et le réseau des Associations Agréées de Surveillance de la Qualité de l’Air (AASQA) de juin 2018 à juin 2019. Il s’agit d’une première étape en vue de faire une proposition de surveillance nationale des pesticides dans l’air régulière dans les prochains mois. Elle a permis de mesurer 75 substances et de disposer d’environ 1.300 analyses. Ces analyses ont permis de cibler les substances nécessitant un examen approfondi en vue de leur intégration dans la surveillance nationale des pesticides dans l’air.
La première approche a fourni des indices du risque sanitaire en rapprochant les résultats des données de toxicologie disponibles. Au vu des connaissances actuelles, il semblerait qu’il n’existe pas un risque fort pour la population via l’air extérieur, sauf pour des personnes proches des sources d’émissions de ces molécules (ex : épandages sur cultures, vignobles, maraîchage et arboriculture non bio). Une seconde approche a conduit à prioriser 32 substances d’intérêt. Parmi elles, le lindane, une des substances les plus dangereuses (effets cancérogènes et/ou reprotoxique et/ou perturbateur endocrinien), est présent dans près de 80% des échantillons analysés, alors même que cette substance est interdite en France depuis de nombreuses années !
L’Anses estime nécessaire de formuler rapidement une proposition de surveillance nationale des pesticides dans l’air. Il s’agira :
- d’analyses plus fines des situations locales non abordées dans cette première étape,
- d’approfondir les complémentarités avec les autres dispositifs de surveillance (ex : eaux),
- de comparer aux recommandations concernant les polluants,
- de voir les impacts environnementaux de leurs présences dans l’air