le Radon chez nous

avertissement

Il existe un gaz radioactif qui pollue de nombreuses maisons, anciennes ou récentes. Nous savons que les conséquences peuvent être mortelles à terme mais le problème n’est pas vraiment pris en compte dans notre pays.

Le radon (222Rn)

C’est un gaz inodore, incolore et inerte, provenant de la désintégration de l’uranium là où ce minerai est présent dans les sols ; c’est le cas du Bocage régional. On en trouve aussi à l’Ouest d’Angers et au sud de la Vendée. Le long de la Sèvre, les schistes granitiques sont riches en uranium et le radon très présent. Ce gaz s’échappe du sol en fonction de la structure de celui-ci, son « pouvoir d’émanation » est donc variable d’un endroit à l’autre. Les habitations du secteur bocager sont situées sur de vieux granites favorables à ce processus mais la durée de vie du radon étant inférieures à 4 jours, si la roche uranifère est profonde, le radon n’atteint pas la surface. Les aléas sont donc importants et justifient les mesures de présence du radon plutôt qu’une inquiétude générale. Encore faut-il les faire !

L’Etat français a classé certains départements prioritaires. Un cadre réglementaire a été fixé (décret 2002-460 relatif à la protection des personnes contre les dangers des rayonnements ionisants) qui impose la détection uniquement dans les lieux publics. La Vendée n’a pas été retenue comme si le radon s’arrêtait à la frontière du 79 !

Le danger

Le radon est un gaz lourd (8 fois l’air) et volatil. Quand nous le respirons, ses isotopes radioactifs (particules alpha) dangereux se fixent dans les poumons. Cette radioactivité exprimée en Becquerel (Bq) a des conséquences cancérigènes avérées, c’est ce qu’affirme l’OMS depuis 1988. Elle a lancé en 2005 le programme international PIR avec pour objectif la diminution des cancers des poumons provoqués par le radon. En France l’IRSN a réalisé des enquêtes dans certains départements mais, à notre connaissance, pas dans le secteur du bocage, là où pourtant la radioactivité naturelle(bruit de fond), et issue des mines(stériles), est importante. De toutes façons les effets des faibles doses d’irradiation étant difficiles à interpréter, le principe de précaution paraît nécessaire.

Ces effets sur l’organisme dépendent de la dose reçue mais la durée pendant laquelle cette dose a été reçue est un facteur très important. De plus le rayonnement (nombre de Bq/seconde) ne correspond par forcément à la dose reçue exprimée elle en Sivert (Sv). Cela signifie que la présence du radon peut générer, ou non, un cancer chez une personne exposée en fonction de plusieurs paramètres favorisant, ou non, la métabolisation des particules reçues. Pas simple !

La dose naturelle moyenne des français est de l’ordre de 2,4 mSv/an et l’ICRP identifie le danger de 10 à 20 mSv/an. Dans le bocage le « bruit de fond » naturel exposant les gens à 4 mSv/an, une forte concentration dans une habitation peut donc vite amener ses habitants dans la zone dangereuse. Présent dans certains secteurs, le radon l’est aussi sous les constructions faites sur des remblais de minerais. Ces rejets de mines (plusieurs existaient dans le bocage) sont appelés curieusement « stériles » mais peuvent contenir des doses importantes d’uranium et ces roches broyées, plus la faible profondeur du remblai, favorisent le « pouvoir d’émanation » du radon dans les bâtiments(nb: on ignore aujourd’hui où sont ces remblais). Et le radon peut aussi provenir des murs de granite des anciennes constructions.

Dans les habitations touchées, les enfants, du fait de leur taille, sont les principales victimes potentielles. S’agit-il d’un problème marginal ? Hélas non. Une projection situe le nombre de maisons française touchées à :

  • 75.000 maisons avec >1000 Bq/M3
  • 370.000 maisons avec > 400 Bq/M3
  • 1.450.000 maisons avec > 200 Bq/M3

Les solutions : détection, prévention, correction

Comment savoir ? Par la détection. Il existe 3 types de mesures codifiées par l’AFNOR que l’on peut réaliser avec différents systèmes(compteur ou dosimètre) :

  • la mesure intégrée, faite sur une période de 2 mois à l’aide de dosimètres passifs installés dans les pièces.
  • La mesure ponctuelle, faite en quelques minutes avec un compteur(une sorte de mesure de « flash » radioactif)
  • la mesure continue, qui permet de suivre sur le long terme l’évolution de la présence du gaz

Les concentrations de radon dans un bâtiment sont variables en cours d’année, ce qui complique encore les choses, il faut donc, en cas de présence du radon lors d’une mesure ponctuelle, passer à une mesure étalée dans le temps. Les instruments de détection sont nombreux et leurs prix variables : quelques dizaines d’€ à quelques centaines d’€. Une solution pour trouver : internet.

Pour un faible coût unitaire, ne serait-il pas utile que les mairies des secteurs sensibles s’équipent et aident les habitants à réaliser gratuitement ces détections ?

La prévention dans les habitations et les mesures à adopter en cas de présence du radon

Le principe consiste à diminuer le niveau de radon en diluant sa concentration et/ou en l’empêchant de pénétrer. 3 techniques :

  • une meilleure étanchéité entre le sol et la construction
  • un renouvellement d’air dans les pièces (mais cela n’a pas toujours un résultat fiable)
  • un vide sanitaire ou une cave, avec ventilation (optimisée par dépressurisation)
  • des explications concrètes dans : guideradon.ca

En zone à risques, ces mesures, d’un coût marginal, devraient être prises pour les constructions neuves ; ce n’est pas le cas. Pour les anciennes constructions, en fonction des niveaux détectés, des mesures correctrices peuvent être mises en place au cas par cas.

L’association Terres & Rivières soutient qu’il s’agit d’une cause prioritaire pour la Vendée pour le prochain Plan Régional de Santé-Environnement. Nous pensons aussi que l’Etat et les Collectivités devraient être plus attentifs au problème. Il faudrait :

  • sensibiliser les citoyens et le personnel de santé
  • mettre en place un N°Vert régional pour renseigner le public
  • favoriser la détection, surtout dans les zones à risques
  • soutenir financièrement les travaux éventuels

Ceci se fait chez nos amis belges notamment. Pourquoi pas chez nous ?

Lexique :
IRSN : Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire
ICRP : International Commission on Radiological Protection
PIR : Projet International sur le Radon
ARS : Agence Régionale de Santé
PRSE : Plan Régional de Santé et Environnement – déclinaison régionale du Plan National de Santé
Bq : Becquerel – émission/seconde de particules radioactives (maxi OMS 100 Bq/M3)
1000 Bq de radon = 0,000 000 000 000 018 litre de gaz = 480 millions d’atomes
Sv : Sivert – mesure de particules radioactives reçues
OMS : Organisation Mondiale de la Santé
AFNOR : Association Française de Normalisation

Niveau d’activité et durée de vie

Certains éléments sont très radioactifs (milliards de milliards de becquerels), d’autre ont une faible activité (qui se mesure en milliers de becquerels). Ces éléments radioactifs sont appelés radionucléides.

Par ailleurs, la durée de vie des radionucléides (durée pendant laquelle ils émettent des rayonnements), est très variable, d’un radionucléide à l’autre. On appelle période radioactive le temps au bout duquel une matière radioactive perd naturellement la moitié de sa radioactivité. Ainsi au bout de 10 périodes radioactives, la radioactivité d’un produit est divisée par 1 000.
Cette période peut aller par exemple d’une fraction de seconde pour le polonium 214 à 4,5 milliards d’années pour l’uranium 238.
Courbe de décroissance de la radiocativité

Courbe de décroissance de la radioactivité : la radioactivité est divisée par quatre après deux périodes, par huit après trois périodes…

Quelques exemples d’activités

La période radioactive d’un élément est systématiquement reliée par une fonction inverse de l’activité : plus la période est longue, plus l’activité est faible. Le tableau suivant donne des exemples d’activités pour 1 gramme de matière (Iode 131, Césium 137, Plutonium 239 et Uranium 238). (source ANDRA)

RADIOELEMENT PERIODE ACTIVITE MASSIQUE
Iode 131 8 jours 4,6 millions de milliards de Bq/g
Césium 137 30 ans 3 200 milliards de Bq/g
Plutonium 239 24 000 ans 23 milliards de Bq/g
Uranium 238 4,5 milliards d’années 12 300 Bq/g